La guerre d’Espagne, un sujet rebattu ?
Le sujet de la guerre d’Espagne semble être connu, voire rebattu. Pour certains de ses aspects, c'est le cas. Pour d'autres, la recherche n'en est qu'à ses balbutiements sinon à ses ébauches. Aucune autre guerre que la guerre d’Espagne n’a donné lieu, pendant son déroulement, à autant d’articles dans les périodiques, autant de productions littéraires variées, autant de témoignages. Force est pourtant de constater que, concernant les productions littéraires et testimoniales, l'on cite toujours les mêmes ouvrages : Pour qui sonne le glas d’Ernest Hemingway (1940), L’Espoir d’André Malraux (1937) ; Les grands Cimetières sous la lune (1938) de Georges Bernanos, Le Testament espagnol d'Arthur Koestler (1937), Hommage à la Catalogne de George Orwell (1938). Toujours l'engagement de ces intellectuels-là, ajoutés à quelques rares autres dont Louis Aragon. S’il y a peu de romans soutenant la cause républicaine – pour des raisons que j'ai pu développer dans un article déjà ancien (1) –, les témoignages sont en revanche nombreux et mériteraient une recension et une analyse tant littéraire qu'historique.
Un déficit à combler
Le déficit le plus notable de la recherche sur la guerre d’Espagne en France réside dans une quasi-absence de l’étude et de l’exploitation de la presse française et, plus généralement, des périodiques français (les journaux – quotidiens ou hebdomadaires –, les revues, les organes et feuilles militants...) où celle-ci est abordée. Et pourtant, ainsi que le soulignent Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler dans leur récent ouvrage L’Espagne, passion française, « […] c’est en France que l’écho de cette guerre résonnera le plus (2) ».
Il manquait, jusqu’à aujourd’hui, premièrement une recension de ces périodiques, deuxièmement, un établissement de la production journalistique traitant de la guerre d'Espagne découlant de cette recension, et, troisièmement, bien sûr, une analyse de cette production textuelle.
Le travail que j'ai effectué ces dix dernières années environ a donc consisté à dépouiller la presse française acquise à la cause antifasciste afin d'essayer de dresser la liste la plus exhaustive des articles produits durant cette période (3). Autrement dit, ce travail a consisté à combler ce manque.
(1) Anne Mathieu, « Le difficile roman de la guerre d’Espagne (sur Paul Nothomb) », Roman 20-50, juin 2002, pp. 153-163.
(2) Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler, L’Espagne, passion française 1936-1975. Guerres, exils, solidarités, Les Arènes, 2015, p. 11.
(3) Je me suis intéressée également aux articles parus lors de l’avant-guerre d’Espagne, mais, pour ceux-ci, le référencement n’a pas été systématique. Il s’agit des périodes d’octobre-novembre 1934 et de février-mi-juillet 1936, correspondant respectivement à la Révolution des Asturies et autres révoltes en Espagne, et à celle de la victoire du Frente popular.
Une recherche pionnière
Une recherche pionnière sur les intellectuels antifascistes français et étrangers dans les périodiques français ( 1934-1939 )
Quel genres journalistiques ?
Des périodiques
« […] le périodique devint l'organe naturel des groupes politiques et certains d'entre eux, qui se rattachaient plus à des tendances politiques qu'à des partis, eurent des succès considérables et qui ne furent pas toujours éphémères (1) », précise Pierre Albert. La liste des périodiques dépouillés en est la preuve tangible, d’autant plus que plusieurs d’entre eux apparaissent dans le contexte de la guerre d’Espagne.
La liste dressée par mes soins a concerné une centaine de périodiques antifascistes, lesquels ont donc été dépouillés et ont permis d’aboutir au corpus dont il est question ici.
Ajoutons que la prise en contact du support a été également décisive : journal d'information – populaire ou non, militant ou non –, la revue, l'hebdomadaire, le magazine, etc. ; quotidien, mensuel, hebdomadaire…
Du genre journalistique
Si tous les genres journalistiques ont été considérés dans mon référencement, c’est le texte politique qui a été soumis à ma grille analytique et à mon étude (cf. publications).
Selon moi, le reportage, le témoignage, l'éditorial, l'article de commentaire (2), la chronique – quand elle se penche sur un fait d’actualité –, la tribune-libre sont les genres-phare du texte politique journalistique.
Toutefois, il m'a fallu choisir des guides. Je les ai trouvés en la personne de ceux que Marc Martin nomme les « princes de la profession », les grands reporters. L'entre-deux-guerres est en effet « l'âge d'or du grand reportage dans la presse française (3) ».
Ajoutons qu’à côté de ces textes journalistiques politiques, se sont greffés les genres complexes de l'appel, du compte rendu, etc., qui m’ont servi à enrichir le contexte à la fois événementiel et journalistique.
Enfin, les critiques littéraires, cinématographiques et musicales ont été prises en compte, en fonction de leur résonance avec les textes politiques, ce qui a impliqué que leur référencement n’a pas visé l’exhaustivité.
Quant à ce qui ne fait pas partie des genres journalistiques mais qui est très présent dans les périodiques des années 1930, les poèmes, les récits, je les ai inventoriés pour les mêmes raisons.
(1) Pierre Albert, Histoire de la presse, PUF, « Que sais-je ? », 1970, p. 92.
(2) Par opposition à l’article d’information brute.
(3) Marc Martin, Les grands Reporters. Les débuts du journalisme moderne, éditions Louis Audibert, 2005, p. 159.
L’aboutissement à un corpus immense
Des articles
J’ai donc effectué le référencement de tous les reportages, témoignages, éditoriaux, articles de commentaire, chroniques, tribunes libres signés d’un nom d’auteur (1). Et indiquons que les billets ainsi que les lettres-ouvertes, nettement moins récurrents mais constituant aussi des textes journalistiques politiques ont été pris en compte exhaustivement.
Cette prise de note systématique n’a pas été reproduite pour les interviews, hommages, allocutions et discours, comptes rendus, documents divers, appels, messages, annonces, l’entreprise s’avérant trop lourde, mais une partie d’entre eux relativement importante, apportant des outils au contexte discursif intellectuel ont été consignés. De plus, les critiques, poèmes et récits ont été consignés avec les réserves susmentionnées.
Le corpus, de plus de six mille articles, s'avère donc immense, mais il possède ainsi quatre atouts : œuvrer pour une recherche novatrice en s'occupant de familles et tendances politiques laissées pour compte (les antistaliniens, les anarchistes de différentes tendances, les trotskystes, les gauches de la S.F.I.O., les associations des droits de l’Homme, etc.(2)) ; constituer une bibliographie jamais effectuée de la production journalistique française antifasciste pendant la guerre d'Espagne; élaborer parallèlement une base de données destinée à faciliter la poursuite des recherches et études sur cette période ; permettre une analyse de ce qui s'écrivait alors, sans exclusive, analyse que j’ai donc menée dans un ouvrage à paraître et dans un certain nombre de publications publiées ou à publier, ainsi que dans des communications prononcées ou à venir.
Des photographies et des illustrations
Enfin, afin d’enrichir mon référencement, j’ai retenu environ deux milliers de photographies et d’illustrations – ainsi que quelques photomontages, ceux-ci étant rares dans les périodiques de notre corpus.
Si, comme on peut s’en douter, beaucoup de ces photographies émanent de reporters photographes désormais célèbres, nombre d’entre elles ont été produites par des auteurs toujours méconnus ou inconnus et ce relevé n’en a que plus d’intérêt.
Car, même résultat d’un choix, le relevé effectué offre une base solide pour une recherche sur ces reporters photographes et illustrateurs, et une toile de fond iconographique permettant une totale plongée à la fois dans les périodiques de l’époque et dans la guerre elle-même que dans ses conséquences en France.
(1) Je précise que j’ai référencé presque uniquement les articles signés. Ceux non signés figurant dans mon corpus y apparaissent pour deux raisons : leur appartenance à des « petits » périodiques ; leur importance malgré cet anonymat.
(2) Il faut toutefois signaler l’ouvrage pionnier et souvent passionnant de Daniel Aïache, La Révolution défaite. Les groupements révolutionnaires parisiens face à la révolution espagnole, Noir & Rouge, 2013. Et rappeler l’ouvrage de Thierry Hohl, A gauche ! La gauche socialiste (1921-1947), Dijon, EUD, 2004.
Référencement de publications et outils divers issus de cette recherche
Référencement de publications
Vous trouverez ici les résultats de l’analyse menée à partir de mon corpus.
Mes diverses publications et communications en étant issues y sont et y seront référencées.
Ces différentes publications et communications se trouvent soit en ligne soit sur papier : toutes les indications vous sont et vous seront données.
Ces publications et autres communications conduisent et conduiront à alimenter ce site.
C’est-à-dire que les acteurs et périodiques sur lesquels vous aurez des informations seront ceux qui sont apparus dans ces analyses publiées et ces communications prononcées, informations qui seront complémentaires à ces publications et interventions.
Outils en ligne
La base de données constituée par mes soins apparaîtra donc ici suivant le référencement de mes publications et communications.
Elle sera donc évolutive.
D’autres outils en ligne seront disponibles.
Enfin, précisons que ce site internet est destiné à terme à devenir un outil collectif pour une poursuite des recherches et études sur cette période de la guerre d’Espagne mais également de ses conséquences.
Une recherche à mener aussi bien dans d’autres périodiques français que dans des périodiques étrangers (1).
Il est aussi destiné à devenir à terme un outil collectif pour une recherche générale sur les années Trente.
Dans quelques mois, des échanges pourront ainsi être amorcés entre les chercheurs et amateurs qui le souhaiteront (2).
(1) Un article référencé dans la bibliographie en est un exemple.
(2) Ce site pourra servir aussi à terme à référencer les différents travaux ayant trait à ce champ de recherche et ayant été effectués sous un autre angle, telles par exemple les publications de François Godicheau ou Daniel Aïache ci-avant citées.
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